Vocation… ou révocation?

Vocation… ou révocation?

Tout était si clair! Un mot, un geste, un regard et, sur-le-champ, ils abandonnaient tout pour le suivre: Simon et André, leurs filets pour devenir pêcheurs d’hommes; Jacques et Jean, leur père dans sa barque; Lévi, son bureau de douane; Nathanaël, l’ombrage de son figuier. Vocation fulgurante, appel irrésistible, réponse immédiate, sans nulle hésitation.

Et les voici, une nuit, au Mont des Oliviers. Arrive une bande armée de glaives et de bâtons. On arrête Jésus, ainsi qu’à plusieurs reprises il le leur avait prédit. Sur-le-champ, ils abandonnent jusqu’à leur vêtement pour le fuir. Révocation fulgurante, panique irrépressible, défection immédiate, sans nulle hésitation.

Ils ont eu le courage de risquer leur vie pour un inconnu? Ils ne l’ont plus pour un ami.

Mystère de la vocation…

Leur oui n’était-il pas authentique? Leur promptitude à suivre Jésus semble indiquer le contraire.

Leur foi était-elle trop faible? Ils ont pourtant perçu en Jésus plus qu’un prophète, le savent Messie, Fils de Dieu.

Que révèle de la vocation ce saisissant contraste?

Que Dieu n’appelle pas la meilleure part d’une personne, mais la personne toute entière. Parce que, résigné ou miséricordieux, il ferme les yeux sur les faiblesses humaines? Non, mais plutôt parce que le mystère de Pâques est aussi celui-ci: rendre vivant, en l’homme, ce qui était cadavérique. Alors, les morts à la mort ne craignent plus de donner leur vie pour diffuser la Vie. Le Christ les appelle à être, avec lui, comme lui, par lui, des tout à fait vivants.

Les apôtres ont fui l’arrestation de Jésus? Après Pâques, ils ne fuiront plus la leur.

Jacques Doutaz