L’apparition du coronavirus nous a forcés à prendre des mesures inédites pour contenir autant que possible la propagation du virus. Ce bouleversement radical de nos vies pour un temps peut être vécu de manière douloureuse, et c’est compréhensible : il y a les deuils, il y a – pour beaucoup d’entre nous – l’absence de l’eucharistie, il y a l’inquiétude au sujet d’une entreprise, d’une année scolaire, de projets grandioses…
Pourtant, ce temps nous est peut-être aussi donné pour nous réapproprier une certaine forme de sens dans notre vie. Ainsi, avoir les enfants à la maison n’est pas une mince affaire, mais cela ne permettra-t-il pas de percevoir une face de leurs talents que la frénésie du quotidien nous occulterait ? Peut-être aurons nous même la chance de goûter à leur joie d’être, malgré l’absence des copains, en famille et rien qu’en famille…
C’est aussi l’occasion très certainement de nous émerveiller des solidarités qui fleurissent dans notre immeuble, notre village, notre communauté, ou alors d’en être à l’initiative. Ou pourra également mesurer la fragilité de nos aînés et le dévouement dont font preuve ceux qui s’en occupent…
Admirons avec attention ce qui modèle nos vies : un tissu de relations et de liens chéris et soignés dont nous ne mesurons pas forcément la profondeur habituellement. Cet arrêt forcé dévoilera-t-il ce qui était devant nos yeux et pourtant caché ?
Enfin, il y a sûrement à nous réapproprier notre rapport au travail. Personnellement, savons-nous lui laisser sa juste place ? Collectivement, savons-nous reconnaître et valoriser l’utilité sociale des activités essentielles à la vie en société et au bien commun ?
Alors que les soignants sont au front et que beaucoup œuvrent d’arrache-pied pour que nous continuions à vivre, même au ralenti, n’ayons pas peur de prendre conscience de notre gratitude et de la manifester, aujourd’hui et demain, afin de contribuer à façonner une société toujours plus humaine.
Marie Larivé