L’homme intérieur

L’homme intérieur

Saint Paul souhaite que se fortifie en nous «l’homme intérieur». Pour le faire on aurait naturellement tendance à se construire ou à se bétonner un homme intérieur à notre mesure. Mais saint Paul écrit aux Corinthiens: «… ne perdons pas courage, et même si en nous l’homme extérieur va vers sa ruine, l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour…» (2 Co 4, 16).

Nous n’avons pas à construire ou à fortifier l’homme intérieur, car celui-ci se fortifie et se renouvelle lui-même. Comment est-ce possible? saint Paul donne la réponse: laissez vos cœurs être habités par la foi et soyez établis dans l’amour. Ces deux conditions nous donnent de comprendre et de connaître: comprendre quelque chose qui nous dépasse complètement parce que c’est infini (la longueur, la largeur, la hauteur, la profondeur de Dieu) et connaître ce qui dépasse toute connaissance: le Christ.

L’identité de l’homme intérieur, c’est une charité qui n’est pas d’abord un devoir moral mais un don que Dieu nous fait; c’est la foi qui est une prise de conscience que nous avons accès par une certaine connaissance à ce qui dépasse toute connaissance.

Souvent nous gardons malheureusement une idée fausse de la foi. Nous pensons que la foi va nous libérer de nos défauts, de nos limites, et qu’un homme nouveau -justement l’homme intérieur- va advenir, un homme parfaitement charitable, comme s’il s’agissait d’une refonte de la personnalité. L’homme nouveau que je suis appelé à devenir n’est certainement pas un autre homme, mais plutôt le fait de devenir plus moi-même.

On n’a pas la foi comme on a la santé ou comme on a bonne assurance maladie. La foi que nous avons est parfois soumise à des éclipses; elle ne nous laisse pas tranquilles. On n’a pas la foi comme si elle était une possession: on n’a pas la foi. La foi est en nous comme une blessure, comme une inquiétude, comme une brûlure. Elle est là pour nous tenir éveillés comme des gardiens, pour nous empêcher de dormir. Voilà sans doute l’homme intérieur.

Nicolas Glasson

Crédit photo: cath.ch – Bernard Hallet