Emprunter le chemin de Zachée

Emprunter le chemin de Zachée

Le 2 février 1997, date de la fête de la Présentation du Seigneur au Temple, le pape Jean-Paul II instituait la 1ère journée de la vie consacrée. Depuis, chaque année, l’Église célèbre cette fête qui “a pour but de faire mieux connaître et apprécier la vie consacrée au peuple de Dieu tout entier, des Évêques aux prêtres, des laïcs aux personnes consacrées elles-mêmes”[1].

En ce jour, nous faisons donc mémoire de toutes les personnes qui ont mis leur pas dans ceux du Christ par le don de leur vie selon les trois conseils évangéliques: l’obéissance, la pauvreté et la chasteté. Car, comme le rappelle Jean-Paul II, c’est la mission prioritaire de la vie consacrée que de “garder vivante dans l’Église la forme historique de vie assumée par le Fils de Dieu quand il est venu sur cette terre. La vie consacrée est donc une mémoire vivante du Fils appartenant totalement au Père, qui est vu, vécu et présenté comme unique Amour (c’est cela la virginité), comme unique richesse (c’est cela la pauvreté), comme unique réalisation (c’est cela l’obéissance)”[2].

Voilà un bon résumé de la vie consacrée. Toutefois, pour la grande majorité de nos contemporains, il sonnera comme du jargon ecclésial peu compréhensible… À notre époque, dans le contexte occidental actuel, c’est en effet un euphémisme que de déclarer que la vie consacrée semble un choix de vie extrêmement bizarre si ce n’est complètement fou!

Pour faciliter notre effort de compréhension, j’aimerai prendre pour exemple la courte histoire de Zachée dans l’Évangile de saint Luc (Lc 19,1-10).

Zachée est un petit collecteur d’impôts. En apparence, il n’est pas le type d’hommes que le Seigneur appelle à sa suite. Et pourtant, Zachée est curieux de voir Jésus, il monte sur un arbre. Jésus le voit et il l’appelle. Puis le Christ s’invite prestement à demeurer chez lui, dans sa maison.

Zachée répond à cet appel en descendant de son arbre, en accueillant Jésus avec joie et en donnant ce qu’il possède à des plus nécessiteux que lui.
Et bien, la vie consacrée emprunte le même chemin que Zachée. D’abord, elle est suscitée par une curiosité: “je cherche à voir qui est Jésus”.
Cette curiosité engendre ensuite une obéissance à un appel qui suppose une descente en soi (car c’est en réalité le Seigneur qui nous a vu le premier et qui nous invite): “veut-il vraiment demeurer chez moi? Dans ma vie, dans ma mort, dans mes désirs et mes rêves, dans cet homme qui s’abandonne si volontiers à ses aises et à ses pulsions ?”.
À notre timide réponse, Jésus rétorque: “Descends vite, aujourd’hui, il faut que j’aille demeurer dans ta maison”.
Enfin, l’appelé, avec tout ce qu’il est et a été, accueille le Christ, se met à son service et se donne aux autres.
Il consacre sa vie dans un état de vie stable qui lui permettra d’appartenir à Dieu et de demeurer auprès du Christ qui est venu le chercher pour demeurer en lui.

Voilà, très simplement, en quoi consiste la vie consacrée : “Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi” (Jn 15,4).

Belle et sainte fête à tous les consacrés, que Sa fidélité inspire et suscite la nôtre!

Fr. Alexandre Frezzato o.p.

Crédit photo: Flickr Winston Warga

[1] Message du Saint Père Jean-Paul II pour la 1ère journée de la vie consacrée : https://www.vatican.va/roman_curia/congregations/ccscrlife/documents/hf_jp-ii_mes_06011997_i-consecrated-life-day_fr.html.

[2] Ibid.