Marie ou l’innocence qui nous apprend à aimer

Marie ou l’innocence qui nous apprend à aimer

Marie, on l’appelle aussi l’Immaculée. En latin, une « macula » c’est une tache: la blessure qui nous salit. Marie est dite immaculée, autrement dit, sans tache. Car c’est dès sa conception, dès le tout début de sa vie, encore dans le sein de sa mère Anne, qu’elle a été définitivement préservée de cette tache originelle qui blesse toutes nos âmes.

Même si nous étions conçus par de saints parents et que nous grandissions dans une sorte de bulle entourés uniquement par de saints exemples, la capacité d’être méchant serait quand même en nous et bien ancrée! Mais pas en elle. C’est le fameux péché originel, la tâche originelle. Celle qui ne se trouve pas chez Marie. Elle est immaculée. Elle ne sait pas ce qu’est ne pas aimer. Elle n’a aucune idée de mal en elle.

Quel privilège! Un privilège qui est le fruit de la mort et de la résurrection de son Fils, par anticipation. Elle bénéficie d’une manière unique et exceptionnelle, par avance, du salut que son Fils sera et apportera, par elle. La Pâque du Christ a pour ainsi dire un effet rétroactif et total sur elle.

Etre conçu sans péché, est-ce vraiment un privilège?

Oui et non. Ce sera surtout un sacré défi, dans un monde si différent! Pourquoi?

Nous pécheurs, nous sommes déjà terriblement blessés par plus méchant que nous. Imaginez Marie! Elle n’a aucune complicité avec le mal, elle ne sait pas ce que c’est, mais elle le découvre progressivement, tout en grandissant, chez les autres, dans le monde. Elle qui n’a pas la moindre antipathie, pas la moindre réticence envers qui que ce soit, elle qui ne sait qu’aimer… qu’est-ce qu’elle voit? Ce qu’elle ne comprend pas.

C’est pourquoi, aucun homme, aucune femme, n’a souffert du mal comme elle.

En toute innocence elle prend de plein fouet la violence. Elle a dû en être abasourdie, choquée, profondément blessée, jusqu’au pied de la croix de son Fils… Personne d’autre qu’elle n’a donc pu communier si étroitement aux souffrances de Jésus. L’innocent qui meurt pour tous les coupables, son Fils! Et pourtant, elle n’en pas été déstabilisée!

Oui, aussi invraisemblable et choquant que soit pour Marie le mal qui surprend et agresse son cœur innocent, aussi paisible est restée son âme préservée. Car Marie ne connaît pas d’autre réponse au mal inconnu que son amour immaculé. Elle en a rajouté en amour, là où chez toute autre, au moins une tentation d’amertume, de déception ou de résignation se serait immanquablement glissée. Marie, elle, n’a su qu’aimer.

Regardons vers Marie

Alors que tant de choses nous déstabilisent aujourd’hui, de la pandémie à toutes les violences infligées aux pauvres et à la création, regardons vers Marie. Elle nous aide à réussir, aveuglés que nous sommes par notre propre péché, la juste réponse du seul amour à toujours donner; amour pour Dieu qui sauve, amour des hommes qu’Il sauve.

Une année spéciale pour les 150 ans de la proclamation de saint Joseph comme Patron de l’Eglise commence aujourd’hui. Demandons à l’époux de Marie de nous aider à rester à l’écoute de son épouse pour mieux suivre le Fils inattendu qu’elle lui a donné, Enfant de Dieu de toute éternité. Car c’est à lui, Joseph, homme pourtant pécheur et limité, que Jésus et Marie ont été humainement confiés. Avec lui, auprès de lui, la sainteté devient proximité. Un rêve donc, mais un rêve à notre portée!

Alain de Raemy, évêque des jeunes