Ouvrir d’autres fenêtres

Ouvrir d’autres fenêtres

La neige tombe et je vois le paysage se transformer. Je pense à ces pays qui ne connaissent pas la neige et son duvet blanc. Je pense à cette sœur d’Afrique qui me racontait son premier hiver en Europe, lorsqu’elle avait cru que la nature et les arbres mourraient quand elle les avait vu perdre leurs feuilles et rester nus pendant quatre mois. Nous vivions sur la même Terre, et pourtant nous la connaissions très différemment, sans que l’une ou l’autre ait tort.

C’est drôle comme parfois je crois connaître une chose, alors que je n’en connais qu’une toute petite partie. Comme parfois je crois connaitre la vérité, alors que je ne possède en réalité qu’une toute petite fenêtre sur la Vérité.

S’il en est ainsi pour la nature et la création, combien plus le créateur doit-il dépasser mon cadre et mes vues!

Je pense à cette amie évangélique, et à cette autre de la Communion anglicane, qui sont devenues de vraies sœurs pour moi. Aucun doute en partageant avec elles, qu’elles sont proches de Dieu, du même Dieu que moi qui suis catholique. Plusieurs fois elles ont même été témoins, voire instrument du Salut pour moi, par des interpellations ou des témoignages.

Je pense à ce jour où j’ai participé à un culte de l’église Luthérienne avec des personnes que je connaissais bien et à cette certitude intérieure que Jésus se donnait à eux dans cette célébration.

Je pense à mon père et à mes grands-parents orthodoxes roumains. Aucun doute que mon amour pour Dieu vient aussi d’eux.

Nous n’avons pas toujours la même fenêtre sur Dieu, et pourtant chaque fenêtre dit quelque chose de Lui et de son Salut.

Je découvre combien l’amitié, l’humble chemin d’une vie commune partagée m’apprend à faire tomber mes préjugés et mes fausses sécurités, mon péché de vouloir parfois maitriser Dieu. Mais quel chemin difficile: parce que, pour autant, je crois à ce que me dit la foi de mon Eglise et il ne s’agit pas d’arrêter d’y croire ou de faire des compromis.

Alors quels seront les chemins qui nous aiderons à ce que l’unité des chrétiens devienne une réalité visible sans diminuer Dieu et sans faire de compromis?

J’ai l’impression qu’il y a plusieurs échelles. Il y a celle des théologiens de nos Eglises, qui travaillent sur les questions théologiques qui nous divisent. Et quand je regarde l’histoire, je vois qu’ils ont déjà beaucoup avancé depuis 50 ans.

Et il y a celle des gens «normaux», celle des gens comme moi. Je peux décider d’agrandir ma fenêtre plutôt que de fermer les volets de l’autre. Choisir de rendre grâce pour l’autre qui est différent en me laissant enrichir par ce qu’il voit depuis sa fenêtre, plutôt que de le juger et m’enfermer par peur de sortir de mon cadre. Choisir de rencontrer l’autre, ou d’installer du double vitrage bien isolé.

Je vois que tout ceci m’oblige a passer par une étape d’humilité, voire de vulnérabilité. Mais finalement n’est-ce pas l’attitude qui plaît à Dieu? Et si Jésus, à la veille de sa mort a prié son père «pour qu’ils soient Un afin que le monde croit», j’ose croire que le Père écoutera cette prière à laquelle tant de ses enfants s’associent au long des temps.

Que ton Règne vienne Seigneur, ouvre davantage nos fenêtres!

Sr Diane Babeanu

Communauté du Chemin Neuf, monastère de Bethanien (Obwalden).

 

Pour ceux qui souhaitent suivre les propositions de la communauté du Chemin Neuf pour la semaine de prière pour l’unité des Chrétiens 2022 (une vidéo par jour du 18 au 25 janvier): https://www.youtube.com/channel/UC_f2rSeLfpbDq_yJJ2_78rA

Crédit photo : gauthier_tschopp